samedi 2 janvier 2010
Distances et Savoirs
Comment les établissements d’enseignement supérieur ou de formation
répondent-ils aux attentes des étudiants d’aujourd’hui, qui pour la majorité ont
grandi entourés de technologies numériques ? Telle pourrait être la question
directrice de ce numéro spécial de Distances et Savoirs pour lequel des intervenants
du colloque TICE 2008 – « L’apprenant et ses nouvelles attentes au coeur des
TICE »1 – ont bien voulu développer et apporter à nos lecteurs les précisions
nécessaires concernant les travaux qu’ils ont présentés en octobre 2008.
Une fois n’est pas coutume, nous commencerons l’éditorial par le premier
entretien de ce numéro. Francesc Pedró, coordonnateur principal du projet « New
Millennium Learners » (NML) mené par le Centre pour la Recherche et l’Innovation
en Education (CERI) de l’Organisation de Coopération et de Développement
Economiques (OCDE) a accepté de se prêter au jeu de nos questions réponses. Les
travaux qu’il mène dans le cadre de ce projet permettent de comprendre qui est cet
apprenant du nouveau millénaire, quelles sont ses pratiques quotidiennes des
technologies numériques et quelles sont ses attentes en matière d’usages
pédagogiques de ces technologies et envers ses enseignants.
Ainsi, cet entretien metil en exergue les enjeux et défis auxquels les universités doivent faire face aujourd’hui pour répondre à ces nouvelles expectatives, déjà nouveaux besoins ?
En s’appuyant sur certains articles et présentations du colloque TICE 2008, ce
numéro offre par ailleurs un aperçu très varié des questions de recherche et des
expériences que rencontrent ou mettent en place l’enseignement supérieur et la
formation professionnelle aujourd’hui.
La qualité des enseignements et des apprentissages
Ce premier groupement de textes illustre comment la recherche contribue à
améliorer l’enseignement et l’apprentissage en proposant des modèles ou des
solutions techniques pour accompagner les acteurs de la formation dans leurs
pratiques de ces nouvelles technologies, « nouvelles » puisque toujours plus
évolutives et malléables. Ainsi, Sandrine Descamps, Bruno De Lièvre et Christian
Depover s’interrogent sur la performance des apprenants au regard des scénarios
pédagogiques et d’encadrement proposés. Tandis que Pierre-André Caron et Renata
Varga traitent de la difficulté d’appropriation des dispositifs malléables relevant des technologies web 2.0 et proposent une approche modélisée pour aider l’utilisateur
final à utiliser ce type de technologies à des fins pédagogiques.
1. TICE 2008, organisé par l’Institut Télécom du 27 au 29 octobre 2008, dans les locaux de Télécom ParisTech http://tice2008.institut-telecom.fr/
2. Cet entretien est suivi d'une abondante bibliographie assemblée par Francesc Pedró.
138 D&S – 7/2009. TICE et distances
La baladodiffusion dans l’enseignement supérieur : enjeux et expérimentations
Autre technologie du web 2.0, la baladodiffusion fait son entrée dans les
pratiques pédagogiques de l’enseignement supérieur pour répondre aux enjeux de
l’institution ou aux besoins et attentes de ses acteurs.
Le deuxième groupement de textes présente donc trois expériences de
déploiement de la baladodiffusion dans l’enseignement supérieur. La richesse et
l’intérêt de ce groupement résident à la fois dans la diversité des enjeux, des
contextes et des moyens utilisés ainsi que dans la complémentarité des analyses que
chacun propose.
Dans le souci d’exploiter toutes ses potentialités pédagogiques, Gaëtan
Temperman et Bruno De Lièvre présentent une démarche de scénarisation destinée
aux enseignants de l’Université de Mons (Belgique) qui leur permet d’intégrer la
baladodiffusion dans les apprentissages.
Le retour d’expérience de Martin Richard, Thi Thu Ha Tran et Annie Jézégou,
vient illustrer cette démarche. Dans le contexte institutionnel de l’Ecole des Mines
de Nantes visant à la promotion de la pédagogie active, un groupe de neuf étudiants
s’est vu proposé un scénario d’apprentissage intégrant la baladodiffusion en
remplacement de certains cours.
Le troisième article se situe à une autre échelle. Sarah Lemarchand et Katia
Oliver présentent en effet l’expérimentation de l’usage de l’enregistrement et de la
baladodiffusion des cours mise en place par et au sein du réseau des grandes écoles
de ParisTech en 2007 dans une perspective de recrutement des étudiants à
l’international.
Les TICE et les apprenants à l’international
La question de l’international et de l’interculturel est au coeur de ce troisième
groupement de textes. Comment dans le contexte actuel de mobilité des étudiants à
l’international, les TIC constituent-elles un moyen privilégié pour préparer ceux-ci et leur permettre de mieux appréhender la culture et les habitudes du pays dans lequel ils vont étudier ?
L’intérêt des projets PADEN et EUROMOBIL réside dans la prise en
considération du besoin de ces étudiants et des difficultés qu’ils rencontrent lors de leurs études à l’étranger, chacun des dispositifs de formation étant centré sur
l’apprenant.
Le projet « Cross Cultural connections » repose quant à lui sur un dispositif de
formation visant à la pratique des langues anglaise et française et à une cocompréhension interculturelle des étudiants américains et français. Le dispositif
mobilise un ensemble de technologies synchrones afin de favoriser les échanges
entre les deux groupes d’élèves et une approche comparative des pratiques
culturelles.
L’innovation, relativité et applications
Ces deux derniers textes rappellent que l’innovation pédagogique ne va pas de
soi, quelles que soient les motivations qui ont conduit à faire le choix de l’utilisation des TIC ou d’un dispositif de formation à distance.
D’une part, l’étude de cas menée par Isabelle Cailleau et Manuel Majada décrit
un dispositif de formation ouverte et à distance modeste en termes d’innovation
technologique et d’innovation pédagogique (méthode expositive) mais en adéquation
au contexte et aux caractéristiques du public visé : des médecins généraliste du
Maghreb.
D’autre part, l’analyse développée par Bruno Poelhubert, Martine Chomienne et
Catherine Allen concernant la mise en réseau des Collèges d’enseignement général et
professionnel (Cégep), pour faire face au déficit d’inscription, montre comment la
télécollaboration s’est limitée aux « leaders » de chacun des projets alors que
l’expérience visait l’ensemble des enseignants des départements impliqués.
Alors que nous avons ouvert notre propos en présentant les travaux d’un expert
des apprenants du nouveau millénaire, nous terminons cet éditorial en évoquant
l’entretien avec Jacques Bahry, président du Forum Français de Formation Ouverte
et à Distance (FFFOD) et Directeur Général du Centre d’Etudes Supérieures
Industrielles (CESI). Expert de la formation des adultes, Jacques Bahry nous fait part de son expérience et des enjeux et défis que constituent les technologies éducatives et la formation à distance pour la formation professionnelle et des adultes.
Finalement, que nous soyons « digital natives » ou « digital immigrants »,
chercheurs, enseignants ou praticiens, ce numéro de Distances et Savoirs nous invite
à appréhender les technologies numériques dans leurs multiples potentialités sans en
ignorer les limites afin que nos réflexions et nos pratiques préparent et répondent aux enjeux et défis de l’enseignement supérieur et de la formation de demain.
CAROLINE RIZZA
Télécom ParisTech
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