lundi 7 février 2011
Les étudiants déplorent que les 275 millions ne servent pas à bonifier l'aide financière
Même s'il est somme toute bien accueilli, le chèque de 275 millions versé par le gouvernement fédéral à son homologue québécois a jeté de l'huile sur le feu, car les étudiants craignent qu'il ne soit pas entièrement consacré à l'aide financière.
Attendu depuis longtemps, ce montant, qui a finalement été bonifié de 150 millions de dollars par rapport à l'année scolaire précédente, est en fait une compensation que verse Ottawa pour le retrait de Québec, depuis 1964, du Programme canadien de prêts aux étudiants (PCPE) pour avoir plus d'autonomie dans son administration. Québec a tout le loisir de l'investir où bon lui semble.
Or les étudiants se sentent floués, car ils disent avoir de bonnes raisons de croire que les 275 millions octroyés ne serviront pas à bonifier son propre programme de prêts et bourses. «Certains discussions qu'on a eues avec le cabinet [de la ministre de l'Éducation] vont dans le sens d'une absence de bonification de l'aide financière aux études», a dit Louis-Philippe Savoie, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ). Avec le spectre d'une augmentation des droits de scolarité qui se profile à l'horizon, cela ne fait qu'attiser encore plus la colère des étudiants. «Le ministère de l'Éducation ajoute entourloupettes par-dessus entourloupettes pour ne pas bonifier le programme. Mais il y a plus d'argent disponible à investir en aide financière», a-t-il indiqué, ajoutant que l'ex-ministre de l'Éducation et celui des Finances s'étaient pourtant engagés à y consacrer plus d'argent.
Un système généreux
La ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a multiplié les entrevues téléphoniques hier pour éviter tout malentendu. «Le chèque qu'on a reçu est une compensation pour l'année 2009-2010 et ces sommes ont déjà été déboursées, a-t-elle précisé. On a même déjà déboursé le double de ce qu'on reçoit du gouvernement fédéral, soit 534 millions». Or, allèguent les étudiants, lorsqu'on appose le montant de 275 millions du fédéral à côté de cette dépense, l'effort du gouvernement du Québec n'est que de 159 millions.
La ministre Beauchamp a pourtant assuré que le Québec avait le plus généreux système d'aide financière aux études et que la grosseur du montant du chèque du gouvernement fédéral n'avait pas nécessairement d'influence sur le Programme québécois des prêts et bourses. «On n'est pas à la remorque de ce que décide le fédéral, que [son chèque] soit à la hausse ou à la baisse, ça ne veut pas dire que les étudiants recevraient moins», a-t-elle insisté.
Bernard Drainville, député et porte-parole de l'opposition en matière d'affaires intergouvernementales, a rappelé que le Québec devrait obtenir 800 millions de plus chaque année pour «ramener les transferts fédéraux pour l'éducation postsecondaire au niveau de ce qu'ils étaient avant les compressions sauvages du gouvernement Chrétien au début des années 90».
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