samedi 12 septembre 2009

TWITTEUSE A 104 ANS


Ivy Bean fait sensation sur l'internet. Ses microblogues (« twits «) sont suivis par 31 000 internautes et 16 000 messages dorment dans sa boîte de réception sur Facebook. Une jeune starlette ? Pas tout à fait.

Ivy Bean est dure d'oreille et oublie parfois le nom de son réseau social préféré, Twitter. À 104 ans, elle est la plus vieille personne dans la communauté virtuelle.

« Je ne savais pas que je vivrais si vieille... Ni que je serais si célèbre !» a dit la grand-mère et arrière-grand-mère entre deux rires.

Dans sa jeunesse, elle communiquait par télégramme avec ses amis. Aujourd'hui, elle écoule ses heures devant l'ordinateur portable de Hillside Manor, sa maison de retraite.
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L'immeuble de parpaings gris est coincé entre deux rues passantes, à l'ombre d'une des nombreuses usines vétustes de Bradford. La ville, pauvre et troublée par des tensions raciales, est la plus dangereuse du nord de l'Angleterre.

Cette réalité semblait à mille lieues des pensées d'Ivy Bean lundi dernier. Elle en était à sa deuxième entrevue de la journée.

Près de nous, dans le salon, une poignée de pensionnaires fixaient une télévision sans vraiment la regarder. « Excusez-moi, sommes-nous lundi ?» répétait inlassablement une vieille dame.

Les gazouillis d'une vieille colombe

L'aînée des twitteurs l'ignorait ou ne l'entendait pas. Elle rayonne depuis qu'elle est devenue une habituée des caméras. « CNN, Sky News et le Daily Telegraph nous ont visités », a affirmé fièrement Patricia Wright, la directrice du centre.

Ses « gazouillis « sont touchants de simplicité. «J'ai hâte à Deal or No Deal ce soir », écrit-elle souvent, en référence à la version britannique du Banquier. Quand son repas préféré, des fish and chips, est au menu, elle en informe ses fans.

Au départ, Ivy Bean avait adopté Facebook pour communiquer avec sa fille unique de 62 ans, Sandra. « Je ne suis pas capable d'entendre sa voix au téléphone alors c'était mieux pour moi», a-t-elle dit de sa voix chevrotante.

Elle avait menti sur son âge en créant son profil. Pas par coquetterie, mais parce que son année de naissance n'était pas reconnue par le système. C'était en juillet 2008. Le lendemain, elle avait reçu 10 000 demandes d'amitié.

Dépassée par toute cette attention, d'autant plus qu'elle tape seulement avec son index droit, elle s'est convertie à Twitter cet été.

Son secret

La frêle petite dame, qui portait un ensemble turquoise et des bijoux de perles à notre rencontre, a un « tiroir plein de cadeaux». Des membres de Facebook ont proposé de l'adopter comme grand-mère. « Ils le regretteraient», a-t-elle dit.

Elle a même reçu une demande en mariage ! « L'homme, un septuagénaire, lui a proposé d'être son gigolo (toy boy)», a dit Mme Wright en riant.

Ivy Bean a décliné l'offre. « Nous vivons trop loin l'un de l'autre. J'ai eu un bon mari, je n'en veux pas d'autres.»

Ivy Bean est la preuve vivante de l'adage « le travail est la santé ». La dame a cumulé les emplois manuels de 14 à 73 ans. Même si elle ne se déplace pas sans déambulateur, elle prend seulement des suppléments de fer et garde la forme.

La coquette pensionnaire, qui a célébré son anniversaire mardi, n'est pas certaine du secret de son âge vénérable. Peut-être parce qu'elle n'a jamais bu ni fumé ?

« J'ai toujours été heureuse, voilà tout.»

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