jeudi 13 mai 2010

Les professeurs agressés dès le préscolaire


La violence envers les professeurs gagne du terrain à l'école. Près de 85 % des enseignants disent être victimes de violence psychologique ou verbale et 50 % vivent une forme de violence physique, selon un sondage réalisé par la Fédération autonome de l'enseignement (FAE).

Les menaces, tirs d'objets, pincements, coups de pied et insultes sont des agressions avec lesquelles doivent désormais vivre un bon nombre de professeurs. Les propos méprisants sont la forme de violence la plus répandue (74 %), suivie de l'intimidation (46 %), des menaces d'agression physique (35 %) et du harcèlement (25 %). Et, fait étonnant, le sondage démontre que cette violence psychologique ou verbale apparaît dès le préscolaire.

Le président de la FAE, Pierre Saint-Germain, s'est dit très touché par les témoignages des enseignants relatant les actes de violence dont ils sont victimes. «Une enseignante en adaptation scolaire a raconté qu'une élève mécontente l'avait menacée et tordu un bras. Une autre enseignante enceinte est partie en retrait préventif par mesure de sécurité parce qu'elle avait un élève violent dans sa classe. Une autre a perdu un enfant parce qu'elle avait reçu des coups, a-t-il raconté. Ce n'est pas juste des menaces en l'air, il y a des gens qui le vivent.»

Le sondage permet de constater que la majorité des enseignants croient que le problème de la violence est pire qu'avant. «Je pense qu'il y a socialement un glissement des valeurs et une diminution de la reconnaissance des enseignants», a noté M. Saint-Germain pour tenter une explication.

À la demande d'une partie de ses quelque 30 000 membres, la FAE avait commencé à faire un suivi sur le plan d'action pour prévenir la violence à l'école que le ministère de l'Éducation avait lancé en 2008. Résultat? Rien n'a été fait, a constaté le président de la FAE. «Certaines écoles n'avaient même jamais entendu parler d'un plan d'action.» Le sondage sur la violence vécue par les enseignants permet ainsi de tâter le pouls du réseau de l'éducation et de sonner l'alarme. Une campagne de sensibilisation tentera d'éradiquer le tabou.

À court terme, il y a pourtant une série de mesures «qui ne coûtent pas une fortune» qui pourraient être prises, croit M. Saint-Germain. «Les enseignants devraient pouvoir compter sur des classes de retrait et sur un appui indéfectible de la part des directions d'école et des parents. Il faut arrêter de juger les professeurs», a-t-il soutenu.

À long terme, il faudrait signaler les cas difficiles et pouvoir obtenir les ressources nécessaires pour régler le problème.

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