mardi 4 mai 2010

SUITE EDUCATIVE PIERRE FOGLIA LA PRESSE


Pierre Foglia de la Presse, publie le 4 mai un article qui continue dans la serie que j'ai debutee sur ce blog. Le titre Suite educative.

Nous ne disons pas que l'école produit les inégalités sociales, nous disons qu'elle continue à reproduire ces inégalités... Clairement les auteures le regrettent. Clairement elles pensent que l'école devrait être égalitaire. Nous voici au noeud de notre différend. Nous voici dans la mouvance gogauche qui rosit toute la réforme scolaire, c'est bien ce qui me dérange d'ailleurs : je suis censé être gogauche moi-même, et je ne m'y reconnais pas.

Les inégalités sociales sont-elles sources d'échec scolaire ? Probablement. Souvent. Vous n'aurez pas grand effort à faire pour me convaincre que le bobo est dans le Système. Avec un grand «S», ce Système-là qu'on finira bien par changer en votant pour Québec solidaire. Je plaisante. Mais qu'est-ce que le système scolaire vient faire ici ? En quoi un système scolaire égalitaire pourrait-il aplanir, corriger les inégalités sociales ? Expliquez-moi. La société exclut les pauvres. Bien. Mais vous, petit comique, vous les intégrez à l'école ? Comme c'est astucieux.

Voyons si j'ai bien compris. Voici Ticul, élevé dans un milieu de grande pauvreté, pas n'importe quelle pauvreté, la pire, la désorganisée. Zéro culture, zéro maîtrise du langage, zéro curiosité. Pas grave. Grâce à l'école, tadam, on l'inclut. C'est le mot clé : inclusion. Et hop là le voilà égal. Suffit de ne pas l'évaluer. De le soustraire à toute forme de sélection pour ne pas ajouter à l'inégalité du départ. La sélection, c'est l'exclusion. Puis on va s'arranger pour qu'il ait des bons résultats. Quarante-trois fautes ? Pas grave. T'as traité la prof de pute ? Pas grave non plus. On va parler à ta prof, on va lui demander d'accorder un peu plus d'importance au dialogue.

Le pire c'est que Tipit finit par décrocher pareil. Si un jour il raccroche, et c'est relativement fréquent, ça lui viendra tout seul, généralement au début de l'âge adulte, l'envie soudaine de finir son secondaire.

L'école, la mienne, la vieille, que je croyais pourtant de gauche, à tout le moins républicaine, ne se bâdre pas de corriger les inégalités sociales, elle ne s'emploie pas à éviter des sélections qui surviendront de toute façon tout au long de la vie. Elle prend acte. Elle ne cherche pas à maquiller rien, pas exemple par un système d'évaluation qui noie le poisson. Elle ne refait pas le monde. Elle l'enseigne.

Une enseignante : j'enseigne à des enfants «normaux» avec passion et parfois désespoir, les pédagogues ont tout mélangé, les besoins des uns, les droits des autres et la capacité des enseignants à accomplir des prodiges... L'intégration des enfants en difficulté est teintée de pensée magique, les parents de ces enfants pensent que les normaux vont déteindre sur les leurs, ça n'arrive jamais.

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