mercredi 9 juin 2010

« Les TIC vertes sont l'étape suivante de notre industrie »


Grâce au professeur Mohammed Cheriet, de l'École de technologie supérieure, et à son équipe du consortium Synchromedia, le Québec se trouve aux premières loges d'un important réseau de technologies de l'information et des communications (TIC) paneuropéen, le projet PANLAB (Pan European Laboratory for Next Generation of Networks and Services).

L'affaire remonte à 2005. «À cette époque, il existait en Europe un consortium de télécommunications, le CELTIC, qui le premier a lancé l'idée d'un laboratoire paneuropéen. Il s'agissait de fédérer toutes les compétences des télécoms et de propulser le marché des télécoms en Europe», explique Mohammed Cheriet.

Ce projet, le PANLAB, a ensuite été soutenu dans le cadre du Programme-cadre de recherche et développement technologique (PCRD) de l'Union européenne. Mais comment son équipe et lui se sont-il retrouvés au sein de pareil projet? «Le PCRD est ouvert aux pays tiers. Il y a donc eu un appel d'offres, auquel on a répondu. Et notre candidature a été retenue.»

Synchromedia

Si cette candidature a été retenue, c'est grâce aux travaux et aux compétences de Mohammed Cheriet et de l'équipe qu'il a mise en place au sein du consortium Synchromedia. Financé par le Fonds d'innovation canadien, le consortium Synchromedia regroupe, outre l'École de technologie supérieure, l'UQAM, l'Université Concordia, Téluq (Montréal et Québec) et l'Université de Waterloo et il agit comme laboratoire en communications multimédias en téléprésence.

«On s'intéresse aux technologies de l'information qui fonctionnent en temps réel, explique-t-il. Par exemple, nous avons développé une plateforme de communication qui permet de synchroniser la salle d'urgence de l'hôpital Sacré-C¶ur avec la piste Gilles-Villeneuve. Cela permet, lors d'un événement comme la dernière course NASCAR, au médecin de Sacré-C¶ur de communiquer directement avec les acteurs sur la piste. Auparavant, s'il y avait un accident, le médecin de Sacré-C¶ur communiquait par téléphone. Maintenant, il peut donner ses instructions comme si lui-même était physiquement présent sur les lieux.»

PANLAB II

Le projet PANLAB a déjà connu sa première phase, à laquelle Mohammed Cheriet a participé. «Il s'agissait d'abord de faire une étude de faisabilité, de nous donner une vision et ensuite d'élaborer un plan.» Cette étape ayant été franchie, on passe aujourd'hui à la suivante, soit PANLAB II. «C'est la phase d'implantation du projet, durant laquelle nous devrons mettre en place les plateformes et les outils qui feront fonctionner ce laboratoire virtuel.»

La participation de Mohammed Cheriet et de son équipe à la deuxième phase du PANLAB compte sur l'appui financier du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, grâce à une subvention de 558 000$ versée dans le cadre du Programme de soutien aux initiatives internationales de recherche et d'innovation.

Le projet PANLAB regroupe en son sein 21 partenaires venant de huit pays européens. On y trouve les acteurs-clés des télécommunications européennes, tels Nokia, France Télécom, Alcatel-Lucent, Deutsche Telekom, ainsi que des laboratoires spécialisés en télécommunications.

Complexe sur le plan technique, le PANLAB s'appuie pourtant sur un principe plutôt simple. «Chacun des partenaires a déjà en place de multiples bancs d'essai qui permettent de tester les nouveaux produits et services qu'ils veulent développer et commercialiser. L'objectif de PANLAB est de fédérer tous ces laboratoires et leurs différents bancs d'essai, de sorte que l'utilisateur puisse s'en servir pour tester un produit. À partir d'une plateforme, l'utilisateur pourrait choisir le banc d'essai qui lui convient. Il pourrait aussi s'en composer un en choisissant un élément chez Alcatel et un autre chez France Télécom, par exemple.»

La beauté de la chose, c'est que le tout se fait de façon virtuelle et qu'il n'est pas nécessaire de se déplacer et d'être physiquement présent sur les lieux d'un laboratoire.

«L'utilisateur peut donc élaborer tous les scénarios qu'il veut. C'est comme un casse-tête pour lequel il peut choisir les morceaux dont il a besoin pour élaborer son banc d'essai. Ensuite, il peut valider et tester le produit ou le service qu'il entend mettre en place, et cela, à moindres frais, puisque tout se fait à partir de son poste de travail.»

L'aspect technique du projet, par contre, représente un défi de taille. «Il faut d'abord fédérer les différents laboratoires et les différentes interfaces qui sont utilisées par ces derniers. Et il faut ensuite mettre en place une plateforme d'utilisation fonctionnelle.»

Retombées de ce côté-ci de l'Atlantique

La participation de Mohammed Cheriet et de son équipe au PANLAB a évidemment d'importantes retombées ici au Québec et au Canada. «La première, c'est évidemment la visibilité que pareil projet donne aux partenaires de Synchromedia qui participent au projet. Il y a aussi l'avancement des connaissances et les progrès techniques qui en découleront. Comme le Canada est un chef de file en télécommunications, notre présence dans PANLAB ne peut être qu'utile.»

De plus, la participation au PANLAB fera faire à l'équipe de Mohammed Cheriet un nouveau pas dans le domaine des TIC vertes. En effet, puisqu'il faut accoucher d'une nouvelle architecture pour le PANLAB, aussi bien s'assurer que cette dernière soit la plus écoresponsable possible. «Les TIC vertes sont la prochaine étape de notre industrie. On oublie trop souvent que les TIC consomment beaucoup d'énergie, et peu est encore fait pour en réduire l'empreinte écologique. Si l'industrie automobile l'a fait, c'est maintenant à notre tour.»

Verra-t-on un jour pareille fédération en sol canadien? Vidéotron et Bell Canada main dans la main? «Il faut comprendre que ce projet est européen, c'est-à-dire qu'il découle de la philosophie mise en place par l'Union européenne, qui favorise ce genre de collaboration. Il y a en Europe une volonté politique derrière pareille initiative. Ce n'est pas le cas actuellement au Canada.»

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