samedi 5 mars 2011

INTELLIGENCE EMOTIONELLE


Intelligence émotionnel : le concept


Les psychologues américains, Salovey et Mayer, les premiers à avoir utilisé l’expression d’intelligence émotionnelle dans des écrits publiés (1990-1997), définissent celle-ci comme étant :

« l’habileté à percevoir, apprécier et exprimer ses émotions,
à y accéder et générer des sentiments qui facilitent la pensée,
à comprendre les émotions et l’information qu’elles véhiculent,
enfin, à réguler les émotions pour favoriser la croissance intellectuelle et émotionnelle. »

Salovey et Mayer précisent que les différentes composantes de l’intelligence émotionnelle se développent suivant quatre axes, du plus élémentaire au plus complexe et du plus particulier au plus général :

Le premier axe, celui de la perception et de l’expression des émotions, est l’habileté à être conscient de ses émotions et à les exprimer correctement aux autres. La perception des émotions inclut également la capacité à faire la distinction entre des expressions honnêtes et malhonnêtes des émotions.

Le deuxième axe, celui de la compréhension et de l’analyse des émotions, est l’habileté à comprendre des émotions complexes, d’interpréter et d’intégrer les significations des émotions.

Le troisième axe, celui de la régulation réflexive des émotions, est l’habileté à vivre ou à abandonner une émotion selon son utilité dans une situation donnée.

Le quatrième axe, celui de la facilitation de la pensée, est l’habileté à reconnaître les émotions qui aident au jugement et qui influencent sur les processus de pensée.

L’intelligence émotionnelle est reconnue ici comme intelligence en ce qu’elle implique des processus mentaux, fait intervenir le codage symbolique des émotions et aboutit à la production de connaissance spécifique pour résoudre des problèmes de façon adaptée dans la vie quotidienne. De plus, elle procure des connaissances et des compétences que l’individu acquiert pour répondre de façon adéquate dans des situations complexes.

C’est ainsi que les individus perçoivent les émotions de façon précise. Ils utilisent des approches intégrées et complexes pour réguler leurs comportements émotionnels et comprendre ceux des autres, pour atteindre leurs buts en fonction d’un contexte donné.

A ces composantes, s’ajoutent, selon ces auteurs, deux autres dimensions :
1- La dimension expérientielle qui est la capacité à percevoir et à manipuler l’information émotionnelle ainsi qu’à y agir, sans nécessairement la comprendre,
2- La dimension stratégique qui est la capacité à comprendre et à gérer les émotions sans nécessairement bien percevoir les sentiments ou les éprouver complètement.

Ces auteurs s’intéressent à l’intelligence émotionnelle dans un contexte de réussite scolaire plutôt que de réussite sociale. Ils insistent sur le fait que l’intelligence émotionnelle est éducable et qu’elle est mobilisée dans des situations naturelles complexes. Ils cherchent ainsi à répondre aux limites des modèles d’intelligence psychométriques qui testent l’intelligence dans des conditions proches de celles de laboratoire.

Si le terme d’intelligence émotionnelle apparaît dans la littérature en 1990, toutefois, comme l’écrivent Thibault et Hess, « l’idée est loin d’être nouvelle. En effet, même si du début des années 1900 jusqu’à la fin des années 1960, l’intelligence et les émotions étaient traitées comme deux choses distinctes, plusieurs [chercheurs] soutenaient que le vécu émotionnel avait quelque chose à voir avec l’intelligence.»

Selon plusieurs auteurs scientifiques, la théorie des intelligences multiples de Gardner contribue sans conteste à la théorie de l’intelligence émotionnelle par l’apport de l’intelligence interpersonnelle et de l’intelligence intrapersonnelle, bien que Gardner n’utilise pas le terme d’intelligence émotionnelle. Ces auteurs relèvent que les intelligences interpersonnelle et intrapersonnelle ont un plus large éventail que l’intelligence émotionnelle. Elles renvoient non seulement au traitement des émotions, des sentiments et des affects, mais aussi aux intentions, aux éléments sociaux et à la personnalité, rencontrés dans une situation.

Si le concept d’intelligence émotionnelle a été introduit par Salovey et Mayer (1990), c’est toutefois Goleman qui l’a popularisé grâce au succès mondial de son livre (1995. Bien qu’étant une conception relativement récente, l’idée d’intelligence émotionnelle a suscité un grand enthousiasme littéraire et a attiré la reconnaissance populaire de ce concept.

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